back




photos: Emilie Delugeau
Nain de plage

Lors d'une de ces courtes journées entre Noël et le Nouvel An, je prends l'air sur une plage du sud de la Vendée. Aux alentours de 16 heures, les promeneurs, à l'instar des rayons de soleil, commencent à se raréfier. C'est alors qu'une femme, affublée d'un bonnet de laine blanc-crème et pointu, un peu ridicule à vrai dire, attire mon attention.
Accroupie sur le sable, le buste penché vers l'avant, elle scrute un amas de coquillages que la marée avait laissé au sec derrière elle. A intervalles réguliers, elle saisit l'une ou l'autre nacre, exulte silencieusement en faisant miroiter sa trouvaille dans la lumière du ciel, puis elle reprend ses fouilles tout en ricanant.
Alors qu'involontairement, je me rapproche de cette créature frétillant sur elle-même, celle-ci se redresse d'un seul bond, sonde d'un regard affolé les alentours et m'apercevant, tourne les talons pour galoper en direction des dunes. Je la suis dans sa course.
Arrivée en haut de la dune, elle stoppe net et se retourne pour me dévisager d'un air mauvais. Je recule de trois pas. Sur ce, elle dévale la pente pour disparaître dans la forêt adjacente. De loin, je l'entend encore clamer : « Dans les dunes habitent les farfadets. Si tu n'en es pas un, tu n'as rien à faire ici! »
Abasourdie, je m'assieds. J'ai la bouche pleine de sable. La plage est vide à présent, le soleil a presque disparu. Me suis-je assoupie? Grelottante, je traverse la dune en courant pour rejoindre la route. Ce n'est qu'au volant de ma voiture que j'enlève finalement mon bonnet.


Nain de plage 2

Lors d'une de ces courtes journées entre Noël et le Nouvel An, je m'échappe de la maison parentale pour aller flâner sur la plage de mon enfance. Il est à peine 16 heures que déjà les promeneurs, à l'instar des rayons de soleil, se font de plus en plus rares.
Au loin, un petit garçon, accroupi tout seul sur le sable, attire mon attention. Le buste penché vers l'avant, il scrute un amas de coquillages que la marée a laissé au sec derrière elle. A intervalles réguliers, il saisit l'une ou l'autre nacre, exulte silencieusement en faisant miroiter sa trouvaille dans la lumière du ciel, puis il reprend ses fouilles tout en ricanant.
Alors qu'involontairement, je me rapproche du garçon, celui-ci se redresse d'un seul bond, pose sur moi un regard plein de défi et vient se camper sur mon chemin.
« Tu es un lutin, toi aussi? »
Interloquée, je fais non de la tête et lui demande d'où lui vient cette idée saugrenue.
« A cause de ton bonnet ridicule! Tu ferais bien de te regarder dans un miroir. »
Je lui réponds : « Et toi donc! On a cousu tes gants à ton manteau sinon tu serais fichu de les perdre. »
Sur ce, il me donne un coup de pied d'une rare brutalité dans le tibia. La douleur me fait tomber au sol. Quant au garçon, il se met à galoper en direction des dunes.
Juste avant de perdre connaissance, je l'entends encore crier à mon égard : « Dans les dunes habitent les lutins. Si tu n'en es pas un, qui es-tu alors ? »


Elise Graton est journaliste et vit à Berlin. Elle écrit pour ZEIT-Online et le magazine Kulturaustausch. Actuellement, elle anime le blog Tandem für Europa pour ARTE.
Dünenzwerg

An einem dieser kurzen Tage zwischen Weihnachten und Neujahr stehe ich am Strand, um frische Luft zu schnappen. Es ist 16 Uhr und schon werden die Spaziergänger und Sonnenstrahlen seltener. So fällt mir eine Frau auf, die eine weisse und spitze, ja fast lächerliche Wollmütze trägt.
Über dem Sand hockend, den Oberkörper nach vorne gebeugt, untersucht sie von der Flut angeschwämte Muschelschalen. In regelmässigen Zeitabständen greift sie nach der einen oder anderen Muschel, jauchzt still, während sie den Fund im Himmellicht funkeln lässt und nimmt dann ihre Suche feixend wieder auf.
Als ich mich versonnen der zappeligen Gestalt nähere, bäumt sie sich plötzlich auf, sucht mit verwirrten Augen ihre Umgebung ab und erblickt mich. Daraufhin galoppiert sie in Richtung Düne. Ich laufe ihr nach.
An der Spitze der Düne angekommen hält sie abrupt an, dreht sich um und mustert mich mit argwöhnischer Miene. Ich weiche drei Schritte zurück. Nun braust sie die Düne hinunter, um im angrenzenden Tannenwald zu verschwinden. Von weitem höre ich sie noch lauthals schreien : „Hier in der Düne leben die Kobolde. Wenn du keiner bist, hast du hier nichts zu suchen!”
Verwirrt setze ich mich hin. Ich habe Sand im Mund. Der Strand ist nun leer, die Sonne fast weg. Bin ich etwa eingeschlafen? Frierend renne ich durch die Düne bis zur Strasse. Erst im Auto ziehe ich die Mütze aus.


Dünenzwerg 2

An einem dieser typisch kurzen Tage zwischen Weihnachten und Neujahr stehle ich mich aus dem elterlichen Haus und erkunde den Strand meiner Kindheit. Schon gegen 16 Uhr werden Spaziergänger und Sonnenstrahlen seltener.
In der Ferne fällt mir ein kleiner Junge auf, der allein am Strand hockt, den Oberkörper nach vorne gebeugt, und von der Flut angeschwämte Muschelschalen untersucht. In regelmässigen Zeitabständen greift er nach der einen oder anderen Muschel, jauchzt still, während er den Fund im Himmellicht funkeln lässt.
Als ich mich versonnen den Jungen nähere, bäumt er sich plötzlich auf, starrt mich an und stellt sich mir resolut in den Weg.
„Bist du auch ein Kobold?”
Verwirrt verneine ich, und frage ihn wie er denn darauf komme. „ Wegen deiner lächerlichen Wollmütze! Schau dich doch mal an.”
„Schau dich doch selber an”, antworte ich, „Deine Handschuhe sind an deiner Jacke angenäht worden, damit du sie nicht verlierst.”
Daraufhin tritt er mich mit voller Kraft ins Schienbein. Der Schmerz reisst mich zum Boden, während der Kleine bereits in Richtung Düne galoppiert.
Bevor ich ohnmächtig werde, höre ich ihn noch lauthals schreien: „Hier in der Düne leben die Kobolde. Wenn du keiner bist, was bist du dann?”


Elise Graton ist freie Journalistin und lebt in Berlin. Sie schreibt für ZEIT-Onlineund das Magazin Kulturaustausch. Gerade leitet sie den blog „Tandem für Europa” für ARTE.